Au Maroc, la nomination de Rachida Dati applaudie, celle de Stéphane Séjourné beaucoup moins

Si l’attribution du ministère de la culture à l’ex-garde des sceaux a été accueillie positivement par la presse du royaume, celle du Quai d’Orsay au secrétaire général de Renaissance est perçue comme inamicale.

Au Maroc, la nomination de Rachida Dati applaudie, celle de Stéphane Séjourné beaucoup moins
Il n’a fallu que quelques minutes pour que la presse marocaine sépare, selon elle, le bon grain de l’ivraie après l’annonce, jeudi 11 janvier, des membres du nouvel attelage ministériel conduit par Gabriel Attal. La bonne nouvelle, à en croire les journaux, est l’entrée au gouvernement de Rachida Dati. Nommée ministre de la culture, la maire du 7 e arrondissement de Paris, née d’un père marocain, possède la double nationalité. Décrite comme « très proche du Maroc » , elle est considérée comme un soutien de Rabat et l’un de ses relais d’influence dans l’Hexagone. Elle a été décorée en 2010 de l’ordre du Wissam Al-Alaoui, une distinction réservée aux personnalités étrangères pour leurs services rendus à la nation. Garde des sceaux sous Nicolas Sarkozy (2007-2012), « un ami » du royaume, Rachida Dati a suivi l’ancien chef de l’Etat dans de nombreux déplacements au Maroc , lors de sa première visite officielle tout comme lors de plusieurs séjours effectués par M. Sarkozy après son mandat présidentiel. Suite à son départ de la place Vendôme, en 2009, elle s’était investie dans la campagne pour la réélection de l’ancien chef de l’Etat auprès de la communauté française au Maroc. Depuis, Rachida Dati n’a cessé de plaider en faveur du royaume, que ce soit au Parlement européen, où elle a siégé jusqu’en 2019, ou, plus récemment, au cours d’un voyage au Maroc en mai 2023, quand elle avait accompagné Eric Ciotti à la tête d’une délégation du parti Les Républicains. Elle avait alors indiqué « reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara [occidental] », et appelé la France à faire de même, regrettant que « la politique qui est conduite aujourd’hui [par Emmanuel Macron] à l’égard du Maroc [n’aille] pas dans la bonne direction » . Désormais au gouvernement, pourra-t-elle influer sur la relation franco-marocaine ? « Elle a des liens très forts avec le Maroc, elle ne s’en est jamais cachée, ce qui l’aidera très certainement dans le cadre de la coopération culturelle entre les deux pays. Mais, sur le fond de la relation franco-marocaine, je ne pense pas que sa nomination pèsera. Le sujet est entre les mains du chef de l’Etat, et même s’il y a un besoin de relais parallèles, Rachida Dati a déjà fait tout ce qu’elle a pu » , observe Hamza Hraoui, cofondateur du cabinet de lobbying MGH Partners, qui a ouvert en 2016 l’antenne marocaine d’En marche ! La presse marocaine a en revanche été beaucoup moins affable à l’égard de Stéphane Séjourné, qualifié d’ « ennemi » et de « personnalité hostile au Maroc » , selon plusieurs publications, qui jugent que sa nomination au ministère de l’Europe et des affaires étrangères est de nature à « compliquer » la relation franco-marocaine. Alors qu’il présidait le groupe Renew au Parlement européen, M. Séjourné s’était vu accusé d’être « la cheville ouvrière » d’une résolution, adoptée à Strasbourg en janvier 2023. Celle-ci dénonçait les manquements du royaume à la liberté de la presse, l’utilisation du logiciel espion Pegasus et la possible corruption de députés européens par les autorités marocaines. La proximité de Stéphane Séjourné avec Emmanuel Macron avait été interprétée comme le signe d’une « ingérence » approuvée au plus haut sommet de l’Etat.